Lundi 30 mai
2016 : Luarca - Navia : 19 km
Un horréo galicien |
Bien évidemment, dans un site comme
celui-ci, tout encerclé de falaises, s’en
extraire implique forcément de monter, de beaucoup monter. Petit détour par
l’Ermitage de San Martin avant de
poursuivre vers Navia distant de 19 kilomètres. Je ne quitterai les Asturies que
demain soir, mais déjà le paysage a revêtu un air de Galice : les tuiles
ont laissé la place aux ardoises et aux lauzes et les larges horréos faits de
vieilles planches de bois sont progressivement remplacés par les modèles
typiquement galiciens plus étriqués et construit de briques rouges.
Vers
midi, j'atteins Pinéra, un petit village qui s’étale entre l’autoroute et la
voie de chemin de fer. L’église est un peu à l’écart des maisons, en pleine
campagne, et lorsque je passe à proximité, je constate que le parking a fait le
plein et que beaucoup de voitures sont garées dans les champs alentours. Ce
n’est pas l’office dominicale puisque nous sommes lundi, mais certainement une
cérémonie d’obsèques ; à voir le nombre de véhicules et la cylindrée de la
plupart de ceux-ci, je devine que le défunt était certainement un notable de la
région. Que Dieu bénisse son âme !
Sur le chemin il arrive que l’on rencontre
des passages un peu délicats : ici une large flaque d’eau dont il faut
trouver le moyen de la contourner, là de la boue sur plusieurs mètres ne
laissant d’autre solution que d’y plonger les godillots, mais là je me trouve
soudain face à une situation que je n’avais
jamais connue auparavant : devant moi un ruisseau de deux mètres de
largeur, certainement un demi mètre de profondeur sans aucune
pierre émergeant de son lit pour me permettre de le traverser à pied sec ;
un morceau de branche a dû être jetée en
travers par d’autres pèlerins, mais sa stabilité apparente ne donne pas trop
envie de s’y risquer. Tant pis, j’y vais et ça passe : ouf ! De l’autre
rive, je donne la main à un pèlerin qui vient de me rattraper et l’aide à
franchir l’obstacle. Nous terminons l’étape ensemble, et comme d’habitude, c'est
l’occasion de faire davantage connaissance : il se prénomme Juan et habite
Barcelone ; il a vécu plusieurs années de sa jeunesse en France ce qui
fait qu’il a encore quelques souvenirs de notre langue. Nous nous quittons à
l’entrée de Navia mais nous nous rencontrerons plusieurs fois jusqu’à Santiago.
Centre-ville de Navia |
Dîner
le soir avec Cyrille et Maria dans un petit restaurant du centre. J’ai opté
pour une soupe aux fèves, une spécialité des Asturies. Je l’avais déjà essayée
à El Pito mais trop épaisse, elle ne m’avait pas emballé ; effectivement
ce soir, elle a une bien meilleure saveur. Serge, un pèlerin parisien se joint à
nous ; très loquace, il n’est pas nécessaire de beaucoup le questionner
pour savoir tout de lui : ami d’enfance d’Alain Delon, nous dit avoir
travaillé chez Jean d’Ormesson, puis comme je lui parle de Dijon, nous raconte
que sa mère était propriétaire de l’hôtel de la Cloche, ce 5 étoiles du centre
de la ville, que son meilleur copain avait acheté l’hôtel du Jura situé devant
la gare ; que le monde est petit !
Plage de Navia |
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