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samedi 19 mars 2016

Comillas - Unquera



Jeudi 17 septembre :  Comillas  -  Unquera   27 km

   Peu après le départ, je rencontre deux filles qui pérégrinent ensemble. Nous faisons les présentations, l’une se prénomme Sophie et l’autre Michèle. J’avais fait leur connaissance hier, peu après le dîner, alors que je regagnais ma chambre. Elles étaient attablées avec Dominique, le gars de Paimpol, qui  me voyant passer m’avait appelé pour me saluer et me présenter ses amies d’un soir. Ce matin, sortant de Comillas, je les retrouve toutes les deux et nous faisons un bout de chemin ensemble. Elles me racontent qu’elles se sont connues à Santander. Une rencontre qui tient au hasard, car elles n’avaient pas choisi le même itinéraire pour rallier la cité de l’Apôtre Saint-Jacques. Sophie était sur le Camino Frances et à un certain moment n’a pas pu supporter l’ambiance qui y régnait et le nombre de pèlerins qu’elle retrouvait tous les soirs dans les albergues. Comme dit Michèle, qui est Québécoise, « elle a pété une coche » (pour dire pété un plomb) et a décidé de prendre le bus à Burgos pour Santander afin de poursuivre son périple sur le Norte, pensant que ce dernier correspondrait mieux à ce qu’elle recherchait.
   Je n’ai parcouru qu’une dizaine de kilomètres et ma satanée sciatique commence à me faire souffrir : certainement que les anti-inflammatoires ne font déjà plus effet. Ce matin en préparant l’étape, j'avais envisagé l’hypothèse du pire selon laquelle la douleur réapparaitrait et étudié les alternatives possibles. J’avais alors remarqué sur le plan que je pouvais gagner 4 kilomètres en suivant la route nationale à partir de San Vicente de la Barquera plutôt que le sentier officiel qui contourne une colline et qui de ce fait est beaucoup plus long. L’autre avantage de cette solution, c’est qu’en cas de réelle difficulté, je peux espérer trouver un bus, sinon faire du stop. Je quitte donc les filles à San Vicente, les laissant suivre le Camino et moi prendre la N 664, cette route nationale qui longe toute la côte et que le chemin coupe et recoupe à maints endroits. Les 10 derniers kilomètres constituent un véritable calvaire tant la douleur est devenue insupportable : je cherche toutes les positions pour mieux supporter mon sac, le faisant tantôt reposer sur les hanches et tantôt sur les épaules. Des voitures me dépassent, mais dans la tête, je ne suis pas encore prêt à leur tendre le pouce. Procéder ainsi représenterait pour moi un échec, une douleur morale encore plus forte que la douleur physique que je ressens à l’instant.  Il m’est arrivé assez fréquemment d’avoir des problèmes de dos, de vertèbres, de lumbago, mais jamais je n’avais connu une telle souffrance, une souffrance qui depuis San Vicente occupe tout mon esprit. Je ne contemple plus le paysage, ne songe plus à prendre  de photos, mon regard est tourné vers les bornes kilométriques pour connaître la distance restante et me donner un peu de baume au cœur à mesure que le compte à rebours décroit. À Pesues, 2 kilomètres avant Unquera, je m’arrête dans un bar routier pour prendre une bière et un sandwich et surtout quelques instants de repos. Beaucoup de monde déjeune ici : des artisans, des ouvriers,  des chauffeurs de poids lourds dont les 38 tonnes sont garés sur le parking devant l’établissement ; la tentation est grande de leur demander de me conduire à Unquera : une fois de plus je résiste. Je reprends ma marche et j’atteins la ville une heure plus tard à la limite de mes forces. L’heure est maintenant à la douche et au repos, mais déjà je songe à l’étape de demain.
   Le soir, un peu requinqué, je pars à la découverte de la ville. Unquera est construit de part et d’autre de cette route nationale dont je ne garderai pas le meilleur des souvenirs. Au centre un pont permet de franchir la Ria de Tina Mayor. Passant devant l’arrêt de bus, j’en profite pour photographier la carte des horaires : même si j’espère que ce sera la dernière des solutions, mieux vaut jouer la prudence ! Il n’y a pas une grande animation dans la ville, les pèlerins ont certainement poursuivi jusqu’à Colombres où il y a une albergue de 130 lits. Pour le dîner, je déniche un petit restaurant à proximité de ma pension. Je prends un « plateau combinado » avec œufs, steak frites, piments le tout accompagné d’un verre de rioja. Les souffrances du jour ne m’ont pas coupé l’appétit !

                                

San Vicente de la Barquera


San Vicente de la Barquera


Unquera





2 commentaires:

  1. Bon courage pèlerin et soigne bien ta sciatique

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    1. J'ai vu le pharmacien qui m'a donné des cataplasmes; ça devrait le faire.

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