Jeudi
17 septembre : Comillas -
Unquera 27 km
Peu après le départ, je rencontre deux filles qui pérégrinent ensemble. Nous
faisons les présentations, l’une se prénomme Sophie et l’autre Michèle. J’avais
fait leur connaissance hier, peu après le dîner, alors que je regagnais ma
chambre. Elles étaient attablées avec Dominique, le gars de Paimpol, qui me voyant passer m’avait appelé pour me
saluer et me présenter ses amies d’un soir. Ce matin, sortant de Comillas, je
les retrouve toutes les deux et nous faisons un bout de chemin ensemble. Elles
me racontent qu’elles se sont connues à Santander. Une rencontre qui tient au
hasard, car elles n’avaient pas choisi le même itinéraire pour rallier la cité
de l’Apôtre Saint-Jacques. Sophie était sur le Camino Frances et à un certain
moment n’a pas pu supporter l’ambiance qui y régnait et le nombre de pèlerins
qu’elle retrouvait tous les soirs dans les albergues. Comme dit Michèle, qui est
Québécoise, « elle a pété une coche » (pour dire pété un plomb) et a
décidé de prendre le bus à Burgos pour Santander afin de poursuivre son périple
sur le Norte, pensant que ce dernier correspondrait mieux à ce qu’elle recherchait.
Je n’ai parcouru qu’une dizaine de kilomètres et ma satanée sciatique
commence à me faire souffrir : certainement que les anti-inflammatoires ne
font déjà plus effet. Ce matin en préparant l’étape, j'avais envisagé l’hypothèse
du pire selon laquelle la douleur réapparaitrait et étudié les alternatives
possibles. J’avais alors remarqué sur le plan que je pouvais gagner 4 kilomètres
en suivant la route nationale à partir de San Vicente de la Barquera plutôt que
le sentier officiel qui contourne une colline et qui de ce fait est beaucoup
plus long. L’autre avantage de cette solution, c’est qu’en cas de réelle
difficulté, je peux espérer trouver un bus, sinon faire du stop. Je quitte donc
les filles à San Vicente, les laissant suivre le Camino et moi prendre la N
664, cette route nationale qui longe toute la côte et que le chemin coupe et recoupe
à maints endroits. Les 10 derniers kilomètres constituent un véritable calvaire
tant la douleur est devenue insupportable : je cherche toutes les
positions pour mieux supporter mon sac, le faisant tantôt reposer sur les
hanches et tantôt sur les épaules. Des voitures me dépassent, mais dans la tête, je ne suis pas encore prêt à leur tendre le pouce. Procéder ainsi représenterait
pour moi un échec, une douleur morale encore plus forte que la douleur physique
que je ressens à l’instant. Il m’est arrivé assez fréquemment d’avoir des
problèmes de dos, de vertèbres, de lumbago, mais jamais je n’avais connu une
telle souffrance, une souffrance qui depuis San Vicente occupe tout mon esprit.
Je ne contemple plus le paysage, ne songe plus à prendre de photos, mon regard est tourné vers les
bornes kilométriques pour connaître la distance restante et me donner un peu de
baume au cœur à mesure que le compte à rebours décroit. À Pesues, 2 kilomètres
avant Unquera, je m’arrête dans un bar routier pour prendre une bière et un sandwich
et surtout quelques instants de repos. Beaucoup de monde déjeune ici : des
artisans, des ouvriers, des chauffeurs
de poids lourds dont les 38 tonnes sont garés sur le parking devant l’établissement
; la tentation est grande de leur demander de me conduire à Unquera : une
fois de plus je résiste. Je reprends ma marche et j’atteins la ville une heure
plus tard à la limite de mes forces. L’heure est maintenant à la douche et au
repos, mais déjà je songe à l’étape de demain.
Le soir, un peu requinqué, je pars à la découverte de la ville. Unquera
est construit de part et d’autre de cette route nationale dont je ne garderai
pas le meilleur des souvenirs. Au centre un pont permet de franchir la Ria de
Tina Mayor. Passant devant l’arrêt de bus, j’en profite pour photographier la
carte des horaires : même si j’espère que ce sera la dernière des
solutions, mieux vaut jouer la prudence ! Il n’y a pas une grande
animation dans la ville, les pèlerins ont certainement poursuivi jusqu’à
Colombres où il y a une albergue de 130 lits. Pour le dîner, je déniche un
petit restaurant à proximité de ma pension. Je prends un « plateau combinado » avec œufs, steak frites, piments le tout
accompagné d’un verre de rioja. Les souffrances du jour ne m’ont pas coupé
l’appétit !
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San Vicente de la Barquera |
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San Vicente de la Barquera |
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Unquera |
Bon courage pèlerin et soigne bien ta sciatique
RépondreSupprimerJ'ai vu le pharmacien qui m'a donné des cataplasmes; ça devrait le faire.
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