Vendredi 18 septembre : Unquera
- Llanes 25.3 km
La nuit a été calme et reposante. Il valait mieux qu’il en soit ainsi, car j’appréhende beaucoup l’étape
d’aujourd’hui. Les douleurs d’hier vont-elles réapparaitre ? Au lever, je
me dope des médicaments que m’a délivré la pharmacienne de Comillas : antalgiques,
anti-inflammatoires et cataplasmes que j'applique à hauteur des reins. Je ne sais pas s’ils ont
déjà fait effet, mais lorsque je quitte ma pension, c'est la grande forme, plus
aucune trace de la galère que j’ai connue hier. Je croise les doigts.
À la sortie de Colombres, je retrouve Sophie qui m’accompagnera sur une
partie du parcours. Elle est assise sur les marches de l’albergue, occupée à
lacer ses chaussures ; Michèle l’a quittée ce matin pour suivre le peloton
des lève-tôt. Peu après le départ, traversant le grand pont sur l’estuaire de la ria Tina Menor, je suis passé de la Cantabrie aux Asturies, mais pour
autant, rien ne pouvait me le faire remarquer, car rien n’a véritablement changé :
le paysage se prolonge à l’identique avec toujours ces pâturages verdoyants qui
dominent le bleu de l’océan. Ici, à la sortie de la ville, le sentier se
rapproche encore un peu plus de la côte, serpentant au-dessus des falaises,
dominant ici des criques, là, de petites plages sauvages.
Les vaches paissent en liberté de chaque côté, continuant de brouter l’herbe sans même remarquer notre présence. Entre ces grands espaces de verdure, des amas de roches donnent un peu de relief formant des monticules, mais également des cavités impressionnantes. La mer est trop calme aujourd’hui pour me permettre de découvrir ce phénomène naturel qu’ici on appelle « los bufones », par lequel les vagues s’engouffrent dans les fissures de la falaise et ressortent sur le terrain, plusieurs dizaines de mètres plus loin formant de véritables geysers. Les bufones de Arenillas, que je traverserai peu avant Llanes, sont les plus réputés.
Les vaches paissent en liberté de chaque côté, continuant de brouter l’herbe sans même remarquer notre présence. Entre ces grands espaces de verdure, des amas de roches donnent un peu de relief formant des monticules, mais également des cavités impressionnantes. La mer est trop calme aujourd’hui pour me permettre de découvrir ce phénomène naturel qu’ici on appelle « los bufones », par lequel les vagues s’engouffrent dans les fissures de la falaise et ressortent sur le terrain, plusieurs dizaines de mètres plus loin formant de véritables geysers. Les bufones de Arenillas, que je traverserai peu avant Llanes, sont les plus réputés.
Ce paysage est un véritable régal, je ne me lasse pas d’admirer. Plus
loin, je longe la petite plage de « los picones ». La mer est trop belle, l’eau transparente avec
toutes les nuances qui vont du vert au bleu, je ne résiste pas à aller me
baigner. Du vrai bonheur ! J’apprécie d’autant plus lorsque je me remémore
la galère que j’ai vécue hier !
Maintenant il faut repartir et laisser ce petit coin de paradis à
d’autres pèlerins : je pense qu’ils sont nombreux à avoir ici la même
envie que moi ! Llanes est encore à une dizaine de kilomètres, mais
j’aperçois déjà ses hauts immeubles blancs, au loin, au fond d’une vallée. Pour
l’atteindre il faut contourner un golf par une route qui n’en finit pas de
tourner, donnant l’impression à chaque virage que l’on s’éloigne un peu plus de
la ville. Vers 17 heures, je parviens enfin à mon hébergement, bouclant l’une des plus
belles étapes de mon périple.
Comme chaque soir avant le dîner, je consacre un peu de temps à la
visite de la ville ; aujourd’hui elle est parée aux couleurs de Mahou, une
marque de bière espagnole. À voir tous les anciens scooters garés sur la place,
je crois comprendre que certains aficionados ont voulu, l’espace d’un jour,
ressusciter le mythe Vespa.
Je retrouve Gérard, occupé à prendre l’apéro à une terrasse de bistrot
avec un autre pèlerin que je ne connais pas. Il se prénomme Denis. Nous nous retrouvons
le soir pour dîner ensemble et échangeons sur nos projets respectifs. Ces
présentations réservent rarement de grosses surprises, car ceux que l’on
rencontre ici avec godillots et sac à dos ont en général le même but : rejoindre
Compostelle. Les variantes qui peuvent différencier les uns des autres portent
sur le nombre d’étapes et le type d’hébergements recherchés. Mais lorsque Denis
nous détaille son projet je suis
littéralement abasourdi. Il est en train de nous expliquer qu’il s’est
fixé comme objectif de rallier, à pied, la totalité des capitales européennes,
pas seulement celles de l’Union Européenne, mais celles du continent Europe qui
s’étend de l’Océan Atlantique à l’Oural, soit 40 villes. Il est parti de Paris
en mai dernier et compte boucler son périple en 5 ans avec un budget moyen de
20 euros par jour, financé en partie par des sponsors. Santiago n’est pour lui
qu’une étape sur la route de Lisbonne, puis Gibraltar, Madrid, Berne, Monaco,
Rome…. Il a nommé son projet « Kontinento » et tient un blog qu’il
actualise au fur et à mesure de sa progression. Gérard et moi sommes
impressionnés par ce récit : chapeau bas !
Vous avez ecrit que "traversant le grand pont sur l’estuaire du Rio Escudo à San Vicente de la Barquera, je suis passé de la Cantabrie aux Asturies", mais la frontière entre la Cantabrie et les Asturies est plus éloignée, à Unquera, dans la rivière Deva.
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