Mardi 15 septembre : Santander -
Santillana del Mar 37 km
L’étape du jour est effectivement bien au-dessus de la moyenne : 37
kilomètres. Presque un marathon ! Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais marché
sur une telle distance. Si je ne l’ai pas coupée, c’est pour me donner un défi,
pour mieux connaître mes limites, savoir où se situe le point de rupture. Ce
matin, je pars donc un peu plus tôt que d’habitude. Contrairement aux autres
jours, le soleil n’est pas encore levé et c’est à la lumière des lampadaires
que je me dirige pour sortir de Santander. Il faut arpenter plusieurs
kilomètres de trottoirs avant de retrouver la verdure et les petits sentiers
champêtres. Il n’y en aura d’ailleurs pas beaucoup sur cette étape, dont le
tracé s’appuie davantage sur les routes que les chemins creux : ce qui
rajoute une petite difficulté à la difficulté.
Vers 10 heures, j’atteins Bóo de
Píelagos ; je suis parfaitement dans mon timing ! Bóo de Píelagos est une petite
ville en bordure de l’océan, à l’embouchure du rio de Mogro. Ici il n’y a pas
de pont pour franchir l’estuaire et pas davantage de bateau : c’est le
train qui permet de rejoindre l’autre rive. On le prend à Bóo et on descend à
Mogro, 2 kilomètres plus loin. Quelques pèlerins, pour économiser les 2 euros
que coûte le voyage, poursuivent à pied en bordure des rails. C’est beaucoup de
danger pour un faible gain ! Je ne prends pas ce risque même si une fois
de plus j’ai le sentiment de tricher avec les règles déontologiques du pèlerin
qui veut qu’il se rende à pied au tombeau de l’Apôtre. Je pense qu’il me
pardonnera !
En plus d’être longue, l’étape est ennuyeuse, sans relief, mais peut
être ai-je parcouru et admiré trop de beaux paysages en amont ! Sur
plusieurs kilomètres, aux abords de Barcena de Cudón, le chemin longe 2 énormes
canalisations qui n’embellissent en rien le décor. Mieux vaut ne pas savoir ce
qui coule à l’intérieur : certainement des égouts et surement pas de l’eau
claire. N’y pensons pas, leur vue est déjà un boulet en soi. Un peu plus loin
je traverse Requejada, une cité industrielle de 1000 habitants. Là aussi je suis bien loin
des belles petites villes rencontrées en amont : Solvay, le groupe de
chimie belge, s’est installé ici depuis plus d’un siècle et aujourd’hui,
parcourant les trottoirs, on ne remarque que des constructions gigantesques,
noircies par la rouille et les fumées.
Poursuivant, je fais la connaissance d’un pèlerin, Dominique, il vient
de Paimpol et compte poursuivre jusqu’à Santiago en empruntant le Primitivo.
Nous bouclons les derniers kilomètres ensemble.
Lorsque je découvre Santillana del Mar, la
beauté des lieux me fait vite oublier la fatigue accumulée sur cette longue
étape. Je pense un instant que tout ce que j’ai vécu aujourd’hui, tous ces
kilomètres, ces tuyaux sans fin, cette
usine de Requejada, ce bitume, ces paysages ternes, n’étaient là que pour mieux
mériter et mieux apprécier Santillana. C’est un gros bourg qui a gardé son
aspect moyenâgeux avec ses ruelles pavées, bordées de vieilles demeures aux façades ouvragées, décorées pour la
plupart de riches armoiries. La collégiale Santa Juliana, une bâtisse du XIIe
siècle, ferme la rue principale.
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Santillana del Mar |
Après l’installation à la pension et la douche, je pars à la découverte
de ce joyau d’architecture médiévale ; un village que Jean-Paul Sartre
considérait comme le plus beau d’Espagne. Passant devant l’albergue, qui aux
dires des pèlerins valait 3 étoiles, je retrouve quelques connaissances dont
Jeannine de la Réunion et James l’Américain de Seattle ; il y a aussi une
petite Canadienne dont j’ai oublié le prénom et qui semble pérégriner avec
James. Nous dînons ensemble au restaurant de ma pension avant d’aller savourer
un repos ô combien mérité.
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Le train pour passer le rio de Mogro |
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L'usine Solvay à Raquejada |
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Santillana del mar |
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Dîner avec Jeannine et James |
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