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samedi 19 mars 2016

Laredo - Guemes



         Dimanche 13 septembre :  Laredo   -   Guemes   33  km

    Quittant mon hébergement, je retrouve Gérard, le pèlerin de Lyon, qui hier s’est arrêté à Liendo, le dernier village avant Laredo. Comme moi il a prévu de rejoindre Guemes et nous allons donc parcourir l’essentiel de l’étape ensemble. Au départ le chemin suit la plage sur environ 5 km pour rejoindre l’estuaire de l’Ason. Le premier pont pour franchir le rio est situé très en amont et nous obligerait à faire un grand détour alors, une fois de plus, c’est avec « la barca » que nous traversons et gagnons Santoña sur la rive opposée.
C’est une vieille cité maritime et son emplacement sur la côte en a fait une place stratégique sur le plan militaire ; trois forts y ont été édifiés pour en assurer sa défense. Sur le plan économique la ville a acquis une renommée internationale par ses conserveries d’anchois et de thon.
   Nous quittons la ville en longeant le pénitencier El Dueso ; un établissement impressionnant avec de hauts murs d’enceinte surmontés de rouleaux de fils barbelés pour décourager ceux qui pensent pouvoir se faire la belle. Quelques kilomètres plus loin il faut escalader une colline pour passer d’une plage à l’autre. Le sentier est abrupt, sans aucun garde-corps pour nous protéger du vide, et ici, le moindre faux-pas serait fatal. Je chasse cette pensée de mon esprit et poursuit cette marche à flanc de coteaux, me gardant bien de regarder le précipice.  Gérard marche devant d’un bon pas et ne semble pas ressentir le même trac que moi par rapport à la situation. Nous parvenons enfin au  sommet et prenons le temps d’admirer le paysage. D’ici, la vue est fantastique : à notre droite, tout en bas, la plage de Santoña que nous venons tout juste de quitter et à notre gauche une immense plage fermée à son extrémité par le village de Noja. C’est là que j’ai prévu de déjeuner, mais pour y parvenir il faut descendre l’autre flanc de la colline, heureusement un peu moins abrupt et longer l’océan sur plusieurs kilomètres. Gérard m’abandonne pour casser la croûte un peu en amont du village, à hauteur de l’Ermita San Nicolas. Je le retrouverai en milieu d’après-midi et nous terminerons l’étape ensemble.
   Noja est une autre belle petite cité balnéaire de la côte Atlantique et en ce jour de dimanche y règne une grande animation. La messe s’achève, le curé vient de libérer ses ouailles qui se dirigent pour la plupart vers les terrasses de bistrot pour y prendre l’apéro. C’est également pour moi le moment de faire une pause, le temps de déguster mon bocadillo accompagné d’une « cerveza ». Quelques pèlerins passent devant le bar dont cet Américain de l’Orégon que j’avais rencontré hier et qui est incapable de prononcer le moindre mot de Français ou d’Espagnol. On constate que l’on revoit toujours les mêmes visages sur le chemin, ce qui à la réflexion paraît assez compréhensible étant donné que chacun fait les mêmes étapes ou presque. C’est agréable dans le sens où l’on retrouve des connaissances, mais ça peut être ennuyeux si on cherche à créer de nouveaux liens. En pareil cas la solution consiste tout simplement à faire une pause d’un jour pour « accrocher » le peloton suivant et ce sera autant de nouveaux visages à découvrir.
   Ce matin lors de la traversée du Rio, le temps était frais et accompagné d’un léger crachin, mais depuis quelques heures le soleil et la chaleur se sont imposés, transformant complètement le paysage. Reprenant ma marche, je suis dépassé par 4 jeunes filles qui avancent d’un bon pas. Il faut dire qu’elles ne portent pas de sac et qu’elles ont pour seul bagage une bouteille d’eau en bandoulière. Après le rituel des présentations, trois d’entre elles poursuivent à leur cadence et la 4e chemine avec moi sur quelques kilomètres. Elle se prénomme Audrey. Elle m’explique qu’elles sont  toutes quatre Irlandaises  et  venues passer 5 jours sur le Camino. Aujourd’hui dans tous les pays, les agences de voyages proposent des séjours sur le Chemin au même titre qu’elles proposent un séjour aux Baléares ou aux îles Canaries.  Venant de Dublin, elles ont atterri à Bilbao et vont rejoindre Santander avant de regagner l’Irlande. Le correspondant sur place ne les accompagne pas sur le terrain, mais les libère de toutes les contraintes de logistique : portage de sacs, réservation hôtels et restaurants. Audrey me dit connaître un peu la France et tout particulièrement  Dijon qu’elle a visité alors qu’elle avait 14 ans. Pour ma part, je lui raconte que je vais aller visiter son pays en juillet prochain et lui décrit le circuit prévu au programme. Nous nous quittons après ces quelques instants de causette bien agréables et c’est avec Gérard, qui m’a rejoint, que je boucle l’étape. Il a prévu de passer la nuit au gîte du père Ernesto, un personnage bien connu sur le Norte pour sa gentillesse et la chaleur qui est la sienne et qu’il met dans les relations avec les pèlerins. Pour ma part, je ne l’accompagnerai pas, car j’ai réservé à la pension « La Terraza ». Guemes est un petit village rural de 300 habitants dans lequel il n’y a rien à visiter ou qui vaille la photo.
   À l’heure du dîner, je descends prendre place au restaurant de la pension, et là, surprise, je retrouve les 4 Irlandaises attablées en train de déguster le vino blanco. À  voir le nombre de verres vides, j’en déduis qu’elles ne sont pas à leur première tournée et dire qu’elles sont gaies serait un euphémisme ! Elles m’invitent à leur table pour poursuivre la soirée ensemble.  Ça va être très dur pour moi de rattraper le retard !
   Buenas noches !

                                                     




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