Dimanche 13 septembre : Laredo
- Guemes 33 km
Quittant mon hébergement, je retrouve Gérard, le pèlerin de Lyon, qui hier
s’est arrêté à Liendo, le dernier village avant Laredo. Comme moi il a prévu de
rejoindre Guemes et nous allons donc parcourir l’essentiel de l’étape ensemble.
Au départ le chemin suit la plage sur environ 5 km pour rejoindre l’estuaire de
l’Ason. Le premier pont pour franchir le rio est situé très en amont et nous
obligerait à faire un grand détour alors, une fois de plus, c’est avec
« la barca » que nous traversons et gagnons Santoña sur la rive
opposée.
C’est une vieille cité maritime et son emplacement sur la côte en a fait une place stratégique sur le plan militaire ; trois forts y ont été édifiés pour en assurer sa défense. Sur le plan économique la ville a acquis une renommée internationale par ses conserveries d’anchois et de thon.
C’est une vieille cité maritime et son emplacement sur la côte en a fait une place stratégique sur le plan militaire ; trois forts y ont été édifiés pour en assurer sa défense. Sur le plan économique la ville a acquis une renommée internationale par ses conserveries d’anchois et de thon.
Nous quittons la ville en longeant le pénitencier El Dueso ; un
établissement impressionnant avec de hauts murs d’enceinte surmontés de
rouleaux de fils barbelés pour décourager ceux qui pensent pouvoir se
faire la belle. Quelques kilomètres plus loin il faut escalader une colline
pour passer d’une plage à l’autre. Le sentier est abrupt, sans aucun garde-corps
pour nous protéger du vide, et ici, le moindre faux-pas serait fatal. Je chasse
cette pensée de mon esprit et poursuit cette marche à flanc de coteaux, me
gardant bien de regarder le précipice. Gérard
marche devant d’un bon pas et ne semble pas ressentir le même trac que moi par
rapport à la situation. Nous parvenons enfin au
sommet et prenons le temps d’admirer le paysage. D’ici, la vue est
fantastique : à notre droite, tout en bas, la plage de Santoña que nous
venons tout juste de quitter et à notre gauche une immense plage fermée à son
extrémité par le village de Noja. C’est là que j’ai prévu de déjeuner, mais pour
y parvenir il faut descendre l’autre flanc de la colline, heureusement un peu
moins abrupt et longer l’océan sur
plusieurs kilomètres. Gérard m’abandonne pour casser la croûte un peu en amont
du village, à hauteur de l’Ermita San Nicolas. Je le retrouverai en milieu
d’après-midi et nous terminerons l’étape ensemble.
Noja est une autre belle petite cité balnéaire de la côte Atlantique et
en ce jour de dimanche y règne une grande animation. La messe s’achève, le curé
vient de libérer ses ouailles qui se dirigent pour la plupart vers les
terrasses de bistrot pour y prendre l’apéro. C’est également pour moi le moment
de faire une pause, le temps de déguster mon bocadillo accompagné d’une « cerveza ». Quelques pèlerins
passent devant le bar dont cet Américain de l’Orégon que j’avais rencontré hier
et qui est incapable de prononcer le moindre mot de Français ou d’Espagnol. On
constate que l’on revoit toujours les mêmes visages sur le chemin, ce qui à la
réflexion paraît assez compréhensible étant donné que chacun fait les mêmes
étapes ou presque. C’est agréable dans le sens où l’on retrouve des
connaissances, mais ça peut être ennuyeux si on cherche à créer de nouveaux
liens. En pareil cas la solution consiste tout simplement à faire une pause
d’un jour pour « accrocher » le peloton suivant et ce sera autant de
nouveaux visages à découvrir.
Ce matin lors de la traversée du Rio, le temps était frais et accompagné
d’un léger crachin, mais depuis quelques heures le soleil et la chaleur se sont imposés,
transformant complètement le paysage. Reprenant ma marche, je suis dépassé par 4
jeunes filles qui avancent d’un bon pas. Il faut dire qu’elles ne portent pas
de sac et qu’elles ont pour seul bagage une bouteille d’eau en bandoulière. Après
le rituel des présentations, trois d’entre elles poursuivent à leur cadence et
la 4e chemine avec moi sur quelques kilomètres. Elle se prénomme Audrey. Elle
m’explique qu’elles sont toutes quatre
Irlandaises et venues passer 5 jours sur le Camino.
Aujourd’hui dans tous les pays, les agences de voyages proposent des séjours
sur le Chemin au même titre qu’elles proposent un séjour aux Baléares ou aux îles
Canaries. Venant de Dublin, elles ont
atterri à Bilbao et vont rejoindre Santander avant de regagner l’Irlande. Le
correspondant sur place ne les accompagne pas sur le terrain, mais les libère de toutes les contraintes de
logistique : portage de sacs, réservation hôtels et restaurants. Audrey me
dit connaître un peu la France et tout particulièrement Dijon qu’elle a visité alors qu’elle avait 14
ans. Pour ma part, je lui raconte que je vais aller visiter son pays en juillet
prochain et lui décrit le circuit prévu au programme. Nous nous quittons
après ces quelques instants de causette bien agréables et c’est avec Gérard,
qui m’a rejoint, que je boucle l’étape. Il a prévu de passer la nuit au gîte du
père Ernesto, un personnage bien connu sur le Norte pour sa gentillesse et la
chaleur qui est la sienne et qu’il met dans les relations avec les pèlerins. Pour
ma part, je ne l’accompagnerai pas, car j’ai réservé à la pension « La
Terraza ». Guemes est un petit village rural de 300 habitants dans lequel
il n’y a rien à visiter ou qui vaille la photo.
À l’heure du dîner, je descends prendre place au restaurant de la pension,
et là, surprise, je retrouve les 4 Irlandaises attablées en train de déguster
le vino blanco. À voir le nombre de
verres vides, j’en déduis qu’elles ne sont pas à leur première tournée et dire
qu’elles sont gaies serait un euphémisme ! Elles m’invitent à leur table
pour poursuivre la soirée ensemble. Ça
va être très dur pour moi de rattraper le retard !
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