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lundi 14 mars 2016

Irun - San Sébastien



          Vendredi 4 septembre 2015 : Irun  -  San Sébastien  25,2 km

    C’est ici, à Irun, que les pèlerins peuvent choisir entre les deux grandes voies espagnoles : le Norte ou le Frances qu’une voie secondaire permet de rejoindre au niveau de Burgos. Pour ma part la question ne se pose pas : le Frances je connais, je n’en ai gardé que de bons souvenirs, mais cette année, c'est bien le chemin côtier que je suis venu faire. Je prends donc la direction de San Sébastien et fais très vite connaissance avec cette colline que je voyais se rapprocher depuis que j’avais quitté Biarritz et que l’on nomme le Jaizkibel. Son sommet culmine à 500 mètres, mais je n’aurai pas à le franchir, car le chemin le contourne à une altitude un peu moins élevée, de l’ordre de 300 mètres. 



   Quittant la ville, j’assiste à un magnifique lever de soleil sur la chaîne des Pyrénées. Rapidement la pente s’accentue et le chemin s’engouffre dans les forêts qui tapissent les flancs de la montagne. Après quelques kilomètres à gravir un sentier rendu boueux par les orages des derniers jours, je découvre l’ermitage de la Virgen de Guadalupe, patronne de Hondarribia : un édifice du 16e siècle détruit et reconstruit à plusieurs reprises. Au moment où je passe à proximité, une messe y est
Irun au petit matin
 célébrée et étant donné l’exiguïté de la bâtisse, la plupart des fidèles se tiennent à l’extérieur. Ce ne sont pas des pèlerins, ils ne portent pas la mochilla, mais des paroissiens des villages alentour. Les chants de la chorale m’accompagnent sur plusieurs centaines  de mètres. Le lieu, très dégagé,  offre un superbe point de vue sur la côte française : le temps clair permet de voir très distinctement les baies que j’ai longées dernièrement, celle d’Hendaye, celle de Saint-Jean-de-Luz et au loin je distingue  assez nettement Biarritz et le Rocher de la Vierge. Je suis maintenant à 300 m d’altitude et bizarrement le sol est aussi sablonneux que la plage d’Hendaye. Je fais alors le lien avec ce que m’avait dit Sophie, mon hébergeuse de Biarritz, à savoir qu’il y a quelques millions d’années, avant le soulèvement de la chaîne Pyrénéenne, cette région était totalement immergée dans l’Océan. 
le Pasajes de San Juan

   Vers midi, j’atteins le Pasajes de San Juan. Il s’agit d’un estuaire de quelques centaines de mètres qui sépare deux villes côtières : San Juan et San Pedro. Il n’y a pas de pont, le passage d’une rive à l’autre se fait par barque moyennant 0.70 euro. Sur le Camino Norté je rencontrerai plusieurs fois ce genre de configuration qu’a créée la nature : un rio qui a coupé en deux la colline, se jetant dans l’océan par un large estuaire sans aucun pont pour traverser. Le chemin le coupe perpendiculairement au terme d’une descente abrupte et sur la rive opposée une pente tout aussi raide permet de regagner les hauteurs.  Même si l’altitude ne dépasse pas quelques centaines de mètres, la répétition de ces configurations rend ce Camino beaucoup plus physique que le Frances ; toutefois n’exagérons rien !
    C’est donc par une très longue côte, entrecoupée d’escaliers, que je quitte San Pedro pour rejoindre le plateau. Après plusieurs kilomètres d’un sentier bordé de hautes fougères, je découvre enfin San Sébastien. L’altitude me permet de jouir d’une vue panoramique sur l’agglomération  et ses plages. Que c’est beau ! Au terme d’une longue descente, je rejoins la ville puis la plage de la Concha, qui encercle une baie réputée pour être l'une des plus belles du monde. En espagnol « la Concha » signifie « la coquille », on comprend lorsque l’on voit la forme de cette baie qui imite à la perfection ce coquillage, emblème du Camino. Quelle surprise lorsque du haut de la promenade je découvre mon prénom inscrit sur le sable en lettres géantes avec autour des fleurs, des cœurs et un portrait : moi qui pensais être venu incognito, c’est raté ! Ne fantasmons pas, c’est simplement une jeune fille qui n’a pas trouvé d’autres moyens pour déclarer sa flamme à un cabellero dont elle s’est éprise.
La plage de la Concha
C’est l’heure de la marée basse, beaucoup de vacanciers profitent du soleil, étendus sur le sable, d’autres se baignent dans cette mer dont l’eau est encore douce à cette période de l’année. Posant sac et godillots sur la plage, je ne perds pas un instant pour aller m’y rafraîchir les pieds.
    J’ai réservé pour ce soir une pension au centre de la vieille ville : « chez Anne ». Je m’y rends  vers 18 heures ; l’hébergeuse est sympathique, pour m’être agréable elle me propose de laver mon linge ce que j’accepte bien évidemment, car des opportunités comme celle-là on ne sait jamais quand on en retrouvera. Seule fausse note, elle me fait payer d’avance un petit déjeuner me disant qu’il est à prendre au bar juste en dessous ; elle a simplement oublié que demain, c’est samedi et que ce jour-là,  le bar n’ouvre qu’à 11 h !


                                             

Pasajes de San Juan

Ermitage de la Virgen de Guadalupe

San Sébastian - bar à tapas






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