Vendredi 4 septembre 2015 :
Irun -
San Sébastien 25,2 km
C’est ici, à Irun, que les
pèlerins peuvent choisir entre les deux grandes voies espagnoles : le
Norte ou le Frances qu’une voie secondaire permet de rejoindre au niveau de
Burgos. Pour ma part la question ne se pose pas : le Frances je connais,
je n’en ai gardé que de bons souvenirs, mais cette année, c'est bien le chemin
côtier que je suis venu faire. Je prends donc la direction de San Sébastien et
fais très vite connaissance avec cette colline que je voyais se rapprocher
depuis que j’avais quitté Biarritz et que l’on nomme le Jaizkibel. Son sommet
culmine à 500 mètres, mais je n’aurai pas à le franchir, car le chemin le
contourne à une altitude un peu moins élevée, de l’ordre de 300 mètres.
Quittant la ville, j’assiste à un magnifique lever de soleil sur la chaîne
des Pyrénées. Rapidement la pente s’accentue et le chemin s’engouffre dans les
forêts qui tapissent les flancs de la montagne. Après quelques kilomètres à
gravir un sentier rendu boueux par les orages des derniers jours, je découvre l’ermitage
de la Virgen de Guadalupe, patronne de Hondarribia : un édifice du 16e
siècle détruit et reconstruit à plusieurs reprises. Au moment où je passe à
proximité, une messe y est
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Irun au petit matin |
célébrée et étant donné l’exiguïté de la bâtisse, la
plupart des fidèles se tiennent à l’extérieur. Ce ne sont pas des pèlerins, ils
ne portent pas la mochilla, mais des
paroissiens des villages alentour. Les chants de la chorale m’accompagnent sur
plusieurs centaines de mètres. Le lieu,
très dégagé, offre un superbe point de
vue sur la côte française : le temps clair permet de voir très
distinctement les baies que j’ai longées dernièrement, celle d’Hendaye, celle
de Saint-Jean-de-Luz et au loin je distingue assez nettement Biarritz et le Rocher de la
Vierge. Je suis maintenant à 300 m d’altitude et bizarrement le sol est aussi sablonneux
que la plage d’Hendaye. Je fais alors le lien avec ce que m’avait dit Sophie,
mon hébergeuse de Biarritz, à savoir qu’il y a quelques millions d’années,
avant le soulèvement de la chaîne Pyrénéenne, cette région était totalement
immergée dans l’Océan.
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le Pasajes de San Juan |
Vers midi, j’atteins le Pasajes de San Juan. Il s’agit d’un estuaire de
quelques centaines de mètres qui sépare deux villes côtières : San Juan et
San Pedro. Il n’y a pas de pont, le passage d’une rive à l’autre se fait par
barque moyennant 0.70 euro. Sur le Camino Norté je rencontrerai plusieurs fois
ce genre de configuration qu’a créée la nature : un rio qui a coupé en
deux la colline, se jetant dans l’océan par un large estuaire sans aucun pont
pour traverser. Le chemin le coupe perpendiculairement au terme d’une descente
abrupte et sur la rive opposée une pente tout aussi raide permet de regagner les
hauteurs. Même si l’altitude ne dépasse
pas quelques centaines de mètres, la répétition de ces configurations rend ce
Camino beaucoup plus physique que le Frances ; toutefois n’exagérons
rien !
C’est donc par une très longue côte, entrecoupée d’escaliers, que je
quitte San Pedro pour rejoindre le plateau. Après plusieurs kilomètres d’un
sentier bordé de hautes fougères, je découvre enfin San Sébastien. L’altitude
me permet de jouir d’une vue panoramique sur l’agglomération et ses plages. Que c’est beau ! Au terme
d’une longue descente, je rejoins la ville puis la plage de la Concha, qui encercle
une baie réputée pour être l'une des plus belles du monde. En espagnol « la Concha »
signifie « la coquille », on comprend lorsque l’on voit la forme de
cette baie qui imite à la perfection ce coquillage, emblème du Camino. Quelle surprise
lorsque du haut de la promenade je découvre mon prénom inscrit sur le sable en
lettres géantes avec autour des fleurs, des cœurs et un portrait : moi qui
pensais être venu incognito, c’est raté ! Ne fantasmons pas, c’est
simplement une jeune fille qui n’a pas trouvé d’autres moyens pour déclarer sa
flamme à un cabellero dont elle s’est
éprise.
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La plage de la Concha |
C’est l’heure de la marée basse, beaucoup de vacanciers profitent du
soleil, étendus sur le sable, d’autres se baignent dans cette mer dont
l’eau est encore douce à cette période de l’année. Posant sac et godillots sur
la plage, je ne perds pas un instant pour aller m’y rafraîchir les pieds.
J’ai réservé pour ce soir une
pension au centre de la vieille ville : « chez Anne ». Je
m’y rends vers 18 heures ;
l’hébergeuse est sympathique, pour m’être agréable elle me propose de laver mon
linge ce que j’accepte bien évidemment, car des opportunités comme celle-là on
ne sait jamais quand on en retrouvera. Seule fausse note, elle me fait payer
d’avance un petit déjeuner me disant qu’il est à prendre au bar juste en
dessous ; elle a simplement oublié que demain, c’est samedi et que ce jour-là, le bar n’ouvre qu’à 11 h !
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Pasajes de San Juan |
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Ermitage
de la Virgen de Guadalupe |
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San Sébastian - bar à tapas
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