Jeudi
3 septembre 2015 : Ciboure - Irun
16 km
Aujourd’hui j’ai prévu de gagner Irun : une petite étape sans grand
dénivelé que j’ai voulue ainsi, pour poursuivre doucement ma mise en jambe. Gérard,
mon colocataire, a décidé d’allonger cette étape d’une dizaine de kilomètres
pour rejoindre le Pasajes de San Juan. À ce moment, je pense que je ne le
reverrai plus, qu’il est tout à fait du genre à faire deux étapes en une.
Je quitte le gîte vers 8 heures.
Il a fait un violent orage dans la nuit avec beaucoup de pluie et ce matin le
sentier en a gardé les traces : la terre est grasse et colle aux
chaussures. Le chemin du littoral qui part de Socoa longe la côte au plus près,
offrant encore ce décor original de
piles d’assiettes, si spécifique à la région. Peu avant Hendaye, après avoir longé le
Domaine d’Abbadia, un site naturel, propriété du Conservatoire du littoral, je
prends le temps d’en visiter le château : un édifice de style néo-gothique
construit par Eugène Viollet-le-Duc et
classé monument historique.
J’atteins Hendaye vers 11 heures et ici encore je quitte les chaussures pour me rafraîchir les pieds dans l’océan. Je suis tenté par le bain, mais pour un pèlerin, c'est toujours compliqué : il faut passer le maillot de bain, abandonner le sac sur la plage le temps de la baignade puis se sécher. Toutes ces contraintes m’y font renoncer.
Le château d'Abbadie |
J’atteins Hendaye vers 11 heures et ici encore je quitte les chaussures pour me rafraîchir les pieds dans l’océan. Je suis tenté par le bain, mais pour un pèlerin, c'est toujours compliqué : il faut passer le maillot de bain, abandonner le sac sur la plage le temps de la baignade puis se sécher. Toutes ces contraintes m’y font renoncer.
À ce niveau la ville n’est
séparée de l’Espagne que par un estuaire de quelques centaines de mètres sur la
rivière Bidassoa. Deux solutions permettent de le franchir à pied sec :
utiliser une des navettes qui toutes les demi-heures font des allers-retours entre les deux rives
pour transporter les touristes, ou alors, remonter beaucoup plus en amont pour
prendre le premier pont qui traverse la rivière, le pont d’Espagne. C’est
l’idée que j’avais privilégiée en préparant mon parcours, mais avant de me
lancer, j’en discute avec un vieil homme
qui promène son chien. Je vois tout de suite à ses mimiques que ma question
l’étonne car pour lui la réponse est évidente. Il me conseille la navette
maritime plutôt que le pont qui d’après lui, est beaucoup trop loin. Je
l’écoute et suis ses recommandations à la lettre sans être vraiment convaincu que
c’est le meilleur choix. Le problème,
lorsque l’on interpelle un passant, c’est que lui n’a pas forcément les mêmes
références que nous : un kilomètre à pied peut lui paraître la mer à
boire, alors que pour nous qui parcourons 30 kilomètres par jour, ça relève de
la simple formalité. Et puis, sur le Chemin, recourir à un autre moyen de
transport que mes pieds me fait toujours un peu culpabiliser. Le bateau me
dépose à Hondarribia, un village que j'avais connu dans une vie antérieure et dont j’avais gardé excellent souvenir. Encore
en activité, lors d’un de ces séminaires destinés à remotiver l’encadrement
(comme s’il en était besoin !), nous avions clôturé la session par la
visite du bourg, suivi d’un dîner dans une cidrerie. Une soirée d’exception dont j’ai gardé beaucoup
d’images en tête : les côtes de bœuf que la plupart d’entre nous avaient
choisies, servies sur de larges planches, le tirage du cidre au tonneau,
les discussions avec les amis… ! Je gagne Irun par une longue rue en
bordure de l’aéroport ; il est 13 heures lorsque je pousse la porte de la
pension « Los Fronterizos » dans laquelle j’ai réservé une chambre
pour la nuit ; elle est située à proximité du centre-ville. Je dois être
complètement « cassé » par ces premiers jours de marche, car sitôt la
douche prise, je m’endors pour ne me réveiller qu’à 17 heures. Il me reste un
peu de temps pour visiter cette ville de 60.000 habitants que jusque-là je ne
connaissais que de nom. Puis vient l’heure du dîner que l’on nomme ici
« la cena ». Je fais le tour de la grande place Luis Mariano ; elle
est entourée de bars et de restaurants
avec des terrasses où règne cette ambiance de fin de soirée bien typique à l’Espagne.
Pour la plupart, il s’agit de bars à tapas, ces petites compositions d’une ou
deux bouchées que les clients dégustent avec un verre de vin au moment de
l’apéritif. J’aime cette atmosphère,
mais ce soir ce n’est pas cela que je cherche : après cette journée de
marche, j’ai besoin d’un restaurant où l’on me serve à table un menu complet du
type « menu del pérégrino » comme ça existe un peu partout sur le
chemin. J’en déniche enfin un, tout près de la gare où pour 11.50 euros le
repas est assez exceptionnel avec en plat principal des « chippirones »
à la plancha accompagnés de frites et de poivrons cuits : un vrai délice.
Dîner aux chippirones |
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