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samedi 19 mars 2016

Castro Urdiales - Laredo



Samedi 12 septembre :   Castro Urdiales  -  Laredo   25 km

   Hier au soir, après la douche, je suis redescendu en ville pour approfondir la visite et profiter des derniers rayons du soleil sur la mer, devant un verre. C’est un moment  que j’apprécie particulièrement, c’est là que je me repasse le film de la journée et que je rédige le journal qui me permettra au retour d’écrire ces lignes. Je choisis en général un bar où je peux bénéficier gratuitement de la Wifi et j’en profite alors pour envoyer messages et photos à la famille et aux amis qui me suivent sur mon périple. Vers 20 heures, je m’étais mis à la recherche d’un restaurant pour y dîner. Sur le chemin, tous ne proposent pas le menu pérégrino et ceux qui le proposent indiquent des prix situés dans une fourchette de 10 à 15 euros pour un contenu souvent semblable. Ici, dans une station balnéaire de ce niveau, le tarif est plus proche du maxi que du mini. On remarque vite que les restaurateurs, à choisir, préfèrent la clientèle des vacanciers à celle des pèlerins. D’ailleurs, lorsque je porte mon choix sur un de ces établissements, avant que j’aie commandé quoi que ce soit, la serveuse me précise que les menus pèlerins ne sont servis qu’à partir de 21 h 30. C’est un peu se moquer du monde lorsque l’on connaît la journée d’un pérégrino ! Pour bien comprendre, il faut dire qu’hier nous étions vendredi, c’est le dernier jour de la semaine et pour les bars et restaurants, un soir particulier où aux vacanciers s’ajoutent ceux qui ont réservé pour un week-end et qui viennent tout juste d’arriver et également aux locaux qui ce soir, ont achevé leur semaine de travail et qui cherchent un moment de détente seul ou en famille. Ceci explique cela ! Je trouverai néanmoins un coin de table pour y déguster une « ensalada mixta » accompagnée d’un verre de Rioja.
   Lorsque le réveil sonne peu après 7 heures, j’étais en train de rêver que je jouais au PSG ;  du vraiment  n’importe quoi ! C’était mon premier match  et le speaker était tout juste en train d’annoncer la liste des joueurs, citant mon nom au milieu des Pastore, Ibrahimovic et autre Cavani. Dommage je me suis réveillé trop tôt, j’aurais tant voulu savoir de quoi j’étais capable sur le terrain, au milieu de ces stars. Les rêves m’ont toujours étonné. Que j’aie rêvé au foot ce n’est peut-être pas trop étonnant lorsque tous les soirs on prend son repas devant de grands écrans sur lesquels, en boucle, défilent les images des meilleures actions du Barca ou du Réal, mais pourquoi le PSG, moi qui n’éprouve vraiment aucune affection pour ce club ? Ce n’est pas aujourd’hui que j’éluciderai le mystère des rêves.
   Au départ, ce matin, le ciel est  encombré de gros nuages qui ne tarderont pas à se disperser pour laisser apparaître le soleil. Quittant la ville, le camino emprunte la route nationale sur quelques kilomètres avant de bifurquer en bordure de l’océan.
Je retrouve alors ce paysage que j’ai découvert hier avant Onton, avec un sentier qui serpente dans les pâturages au-dessus de falaises,  surplombant l’océan. Quelle splendeur ! Quelle magnificence ! Les paysages que je traverse depuis mon départ  me font souvent oublier que je suis un pèlerin, que je pérégrine vers Compostelle. Sur le Norte, je me sens plutôt l’âme d’un touriste ; tout contribue à me détourner de l’esprit du chemin : l’ambiance de vacances qui règne dans les villes étapes,  la rareté des pèlerins, le décor… Sur le Camino Frances, en visitant, ici une église, là un monastère, plus loin un ermitage, on reprenait  à chaque fois une bouffée de religiosité, de spiritualité qui contribuait à entretenir la ferveur. Ici rien de tout cela, peu de monuments et les quelques églises rencontrées sont toutes fermées. Étonnant pour un chemin de pèlerinage !
   Il y a effectivement très peu de pèlerins sur le chemin ; pas l’ombre d’un seul avant midi. Je dépasse le premier peu avant Islares. C’est un Américain de l’Orégon. Nous échangeons quelques phrases simples puis poursuivons chacun à notre rythme. Entre pèlerins, nous abordons souvent les conversations par un « buen camino ». C’est en quelque sorte de l’esperanto et donc la réponse n’indique en rien la nationalité de l’interlocuteur. J’ai vu entamer des discussions dans une langue que l’on croyait être celle de l’autre et s’apercevoir au bout de plusieurs phrases, élaborées et prononcées avec beaucoup de difficultés,  qu’il était francophone tout comme moi. Depuis j’enchaîne tout simplement par « bonjour » et à sa réponse, à son accent, je sais en général à qui j’ai à faire.
   Sur le pont qui enjambe le rio Agüera je rattrape une dame. Je l’avais déjà rencontrée hier, mais nous avions très peu échangé. Aujourd’hui nous allons « papoter »  sur les 10 kilomètres qui nous séparent de Laredo. Elle s’appelle Jeannine, originaire de la région de Metz, elle  s’est installée depuis plusieurs années à la Réunion. Chaque année, elle rend visite à sa famille restée en Lorraine et en profite pour venir faire une semaine sur le camino. Nous nous quittons peu avant Laredo mais nous nous retrouverons à plusieurs reprises les jours suivants.
   Mon hébergement est situé légèrement à l’écart,  sur une colline qui domine la ville. Laredo est  organisée à l’image de beaucoup de stations balnéaires de la côte : un centre ancien, le « pueblo » avec son château médiéval, son église de la même époque, son  port de pêche et en prolongement, le long d’une immense plage, des constructions récentes sur plusieurs lignes, lieux de villégiature de propriétaires espagnoles, mais également français.
Laredo
Ce n’est bien évidemment pas la partie la plus attrayante avec des rues tracées au cordeau et des immeubles de 4 à 5 étages tous semblables.  Le vieux village par contre a gardé toute son authenticité, avec ses ruelles étroites, ses anciens remparts, ses multiples édifices religieux, ses petites places où se réunissent chaque soir les personnes âgées. J’ai prévu de dîner au gîte, mais je profite des quelques heures libres avant le repas pour aller découvrir ces quartiers anciens et boire un verre à la terrasse d’un bar.



                                       




Ruelle de la vieille ville de Laredo

Plage de Laredo

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