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jeudi 17 mars 2016

San Sébastien - Zarautz



            Samedi 5 septembre : San Sébastien  -  Zarautz    23 km

    Au petit matin, lorsque je quitte la vieille ville, les rues sont encore couvertes d’immondices qui témoignent de l’ambiance qui  a régné ici jusque tard dans la nuit. Je ne trouve pas un seul endroit propre lorsque je veux poser mon sac pour y ranger les croissants que je viens d’acheter à la « panadéria ». À San Sébastien, la vie nocturne se déroule essentiellement dans ce quartier historique où les bars à tapas sont nombreux. Ceci explique cela !
   Je sors de la ville en empruntant la promenade de bord de mer. À cette heure, et qui plus est un samedi, j’y rencontre davantage de joggeurs que de pèlerins. Le premier obstacle à gravir est le mont Igeldo qui ne culmine qu’à 300 mètres, ce qui parait peu, mais le chemin qui y conduit est très raide avec là également beaucoup d’escaliers pour « casser » la pente. Le sommet nous offre un magnifique point de vue sur la côte Atlantique. Un peu plus loin, à la sortie du village d’Igeldo, un vieil homme a installé une table et offre aux pèlerins de l’eau et quelques victuailles. Il y a également disposé un livre d’or et le matériel pour le « sello », ce tampon que l’on applique sur la crédential pour attester de notre passage. Sur le mur, il a écrit à la peinture jaune, celle utilisée pour le balisage, « Santiago 795 km ».  Plusieurs pèlerins se sont arrêtés  ; j’échange quelques mots avec eux puis poursuis mon chemin. 

   Ici il est recouvert de larges pierres plates à la surface irrégulière qui impose de rester vigilant : certainement une ancienne voie romaine. Après quelques kilomètres, j'atteins Orio, une petite ville portuaire de 5000 habitants, établie sur les bords d’un estuaire, mais là pas besoin de la « barca » pour le franchir, un pont relie les deux rives. Je ne pourrai pas faire la visite de l’église San Nicolas de Bari, car fermée comme toutes les églises du Norte : vraiment dommage pour une voie de pèlerinage ! J’ai du mal à comprendre ! Je me contente d’en faire le tour. Avant de franchir le pont qui enjambe l’estuaire, je me restaure à la terrasse d’un café : bocadillo et cerveza. Il y a beaucoup de monde et comme dans tous les bars en Espagne les discussions créent un brouhaha impressionnant. Un large espace est occupé par les membres d’une confrérie ; tous portent un tee-shirt mauve avec un dessin de porc ou de sanglier peint dans le dos : certainement la confrérie du cochon !
   Orio présente la particularité d’avoir été la dernière cité baleinière de la côte ; le dernier cétacé y fut chassé en 1901. Sur la rive opposée, certaines installations portuaires, complètement rouillées, témoignent de cette activité.
   Quittant Orio, et à mesure que je me rapproche de Zarautz, les vignes remplacent peu à peu les pâturages. Elles produisent un vin blanc : le Txakoli. Je dépasse une dizaine de pèlerins, dont deux Françaises qui n’ont rien réservé et qui désespèrent de trouver un hôtel pour passer la nuit.  Le chemin s’élève encore un peu, jusqu’à franchir le col de Talaimendi d’où je découvre en contrebas la station balnéaire de Zarautz. De cet observatoire et avec ce ciel d’azur, la vue est superbe. Une longue plage sépare la ville de la mer. À son  extrémité un terrain de golf s’étend jusqu’au pied de la colline.
   Mon hébergement est situé sur ce promontoire à proximité du camping et à 2 kilomètres de la plage. Sur une aire, une cinquantaine de jeunes gens, des garçons et des filles sont occupés à construire un village de tentes pour y passer la nuit. Je les observe un moment, admiratif de cette ambiance de décontraction et de camaraderie qui règne dans le groupe, de cette insouciance qui est le propre  de la jeunesse. Je les envie, me remémorant ces situations analogues que j’ai connues alors que j’étais lycéens : des souvenirs qui ne s’oublient pas. À voir leur matériel, je comprends qu’ils sont surfeurs et venus passer un week-end à taquiner les vagues de la plage de Zarautz, un lieu réputé pour offrir des conditions d’exception pour la pratique de ce sport.
   Il n’est que 15 heures, alors après avoir déposé mon sac et pris la douche, je ne résiste pas à descendre en ville pour profiter du bord de mer. Cette escapade me fait ajouter 4 kilomètres à l’étape, mais qu’importe, découvrir et profiter quelques instants de ce lieu, vaut bien ce sacrifice ! Les terrasses en bordure de la promenade sont bondées de vacanciers en train d’achever leur déjeuner. Je prends un verre puis vais me rafraîchir les pieds dans l’océan. En front de mer, de jolis petits palais attestent qu’une clientèle appartenant à la haute bourgeoisie avait fait de Zarautz son lieu de villégiature. Le palais de Narros fut celui de la reine Isabelle II qui y venait régulièrement tous les étés.
Zarautz
   Le soir venu, je regagne mon gîte avant d’aller  dîner au camping tout proche : steak frites accompagné d’un verre de Rioja , le tout pour 10 euros : rien à redire.

                                                 


La confrérie du cochon

Orio






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