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vendredi 18 mars 2016

Itziar - Markina



           


                  Lundi 7 septembre : Itziar -  Markina  28 km


   J’entame ce matin ma 6e étape. Sur le plan physique, c’est la grande forme, les quelques courbatures des premiers jours ont disparu et à cet instant du départ, je n’éprouve que de bonnes sensations ; côté moral ce n’est pas mal non plus et je pense que la beauté des paysages traversés, la météo, les quelques rencontres…. y sont pour beaucoup. J’espère que ce soir, je serai dans le même état d’esprit, car l’étape du jour a la réputation d’être difficile, avec une première partie tout en descente pour atteindre Deba au bord de l’océan ; ensuite, comme après chaque traversée de rio, le chemin reprend très vite de l’altitude pour culminer à 500 mètres peu après Olatz.
   Lorsque je quitte le gîte, le soleil commence à pointer au-dessus de l’horizon donnant aux monts Cantabriques cette belle couleur rougeâtre que l’on ne peut observer que si l’on est un minimum matinal.  À mesure qu’il s’élève, apparaît ce spectacle que je redécouvre tous les matins avec ce banc de brume qui monte doucement vers le ciel et qui semble suspendu à mi-hauteur entre les collines : que c’est beau, qu’il fait bon pérégriner ici ! C’est aussi l’heure où nos ombres sont immenses : alors on joue avec, on prend des photos. J’en fais une originale avec mon ombre projetée sur un mur tapissé de capucines.
   Ce matin, je suis seul sur le chemin, pas le moindre pèlerin en vue. Ce n’est pas trop étonnant, car hier, la plupart d’entre eux ne se sont pas arrêtés à Itziar comme moi, mais ont poursuivi jusqu’à Deba, distant de 2 kilomètres : ils sont donc tous devant moi et je ne peux donc compter que sur les bornes pour me guider : heureusement le balisage est de qualité ; c’est une constante depuis que je suis passé en Espagne.  Le décor est toujours le même, la mer toute proche à droite, à ma gauche, à quelques kilomètres, la chaîne Cantabrique et entre les deux, ce paysage si particulier au Pays basque fait de collines et de vallées couvertes d’herbages.
   Je parviens à Deba, une petite ville construite de part et d’autre du fleuve du même nom. Ici également un pont permet de traverser sans recourir à la « barca ». Le temps de prendre un petit encas  et je poursuis ma marche. À partir de Deba le chemin quitte le bord de mer pour s’enfoncer dans les terres, ne retrouvant l’Océan que quatre étapes plus loin, en sortant de Bilbao. Onze heures sonnent au clocher lorsque je traverse Olatz, un ancien village qui fut, comme beaucoup d’autres dans la région, plus ou moins abandonné lorsque a sévi la peste à la fin du 15e siècle. Vers midi, je rencontre les premiers pèlerins. C’est un couple, chacun affichant la quarantaine et ils sont occupés à déjeuner à l’ombre des pins. J’échange quelques mots avec eux, mais visiblement ils ne paraissent pas avoir très envie de discuter. J’apprends néanmoins que la dame est de Limoges et lui de Cayenne. À l’expérience, on remarque tout de suite  dans ce genre de rencontre s’il est utile de chercher à poursuivre la conversation ou non. Là, c'est flagrant, je dérange, ils veulent rester dans leur intimité, alors je les quitte non sans leur lancer le traditionnel « buen Camino » auquel ils répondent machinalement par les mêmes mots. Ce n’est pas avec eux que je lierai une amitié éternelle !
     Les voir casser la croute m’a donné envie de les imiter, mais malheureusement je n’ai pas de quoi faire un grand festin : seulement un croissant acheté à Deba et une barre de céréale. J’espère que ça sera suffisant pour tenir les 10 km restants ! De plus un petit rouge-gorge a décidé  de partager ce repas avec moi. Pas sauvage pour un sou, il vient jusque sur ma main picorer les graines échappées de la barre. Dommage qu’il n’ait pas la parole, car je suis certain que lui aurait eu envie de lier conversation.

   Je parviens à Markina vers 15 heures ; ma première visite est pour l’ermitage San Miguel de Arretxinaga. Il a la particularité d’héberger sous sa voûte 3 énormes rochers se soutenant mutuellement et  formant une petite chapelle qui abrite l’archange San Miguel. La légende populaire dit que les jeunes qui veulent s’unir avant la fin de l’année doivent passer trois fois sous les rochers. 
 San Miguel de Arretxinaga.

Markina est une vieille ville médiévale avec des ruelles étroites et au centre la magnifique place Goiko Portala.  C’est là que j’ai donné rendez-vous à mon hébergeuse qui doit me conduire à son gîte situé à l’extérieur de la ville et un peu à l’écart du chemin. J’y fais la connaissance de Sandra, une pèlerine suisse, plutôt jolie fille,  qui m’explique qu’elle est bloquée ici, car elle souffre d’ampoules. Partie seule de chez elle, elle avait rencontré en chemin un groupe de pèlerins avec lesquels elle pérégrinait  depuis plusieurs étapes, mais  a dû les laisser poursuivre, le temps pour elle de guérir ses pieds.


                                           

Lever de soleil sur Itziar

Itziar au petit matin

Deba

Markina - l'église

Ruelle de Markina




















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