Mardi
8 septembre : Markina -
Gernica 24.6 km
Hier soir, j’ai dîné au gîte en tête à tête avec Sandra. Elle m’a expliqué qu’elle habite Berne et travaille aux services fiscaux de la ville. Nous avons discuté de ce qui nous est commun, le Chemin, évoqué nos anecdotes, parlé de nos rencontres, échangé sur nos impressions ; une soirée bien agréable qui s’est achevée vers 22 heures. Lorsque je prends mon petit-déjeuner vers 7 h 30 elle n’est pas encore levée. Le médecin lui a ordonné 3 jours de repos, alors elle prend son mal en patience. J’imagine que ce ne doit pas être simple pour elle lorsque l’on se trouve dans des paysages aussi sublimes, baignés par le soleil, d’être contraint de rester à la maison et de regarder les randonneurs passer.
Après une heure de marche, j’atteins le petit village de Bolibar connu
pour être le berceau de la famille de Simon Bolivar, ce général qui au 18e
siècle a participé activement à l’indépendance de plusieurs pays d’Amérique du Sud : une statue le représentant en tenue militaire est érigée au centre
de la place. Un musée lui est consacré, mais je fais l’impasse sur la
visite : j’ai un planning à respecter ! Autre point d’intérêt,
l’église Santo Tomàs avec son allure de forteresse et sa tour cylindrique qui
domine le village. Au balcon de certaines maisons, des banderoles, dans un
langage que je suis bien incapable de traduire, rappellent que nous sommes au
cœur du Pays Basque et que le désir d’indépendance ne s’est pas estompé. Puis,
quittant le village, je retrouve ce décor où alternent pâturages et forêts de
pins. Bien souvent je dois franchir les portes de pâture et passer à proximité des troupeaux de vaches
quand ce n’est pas au milieu.
Ce ne serait pas un problème si elles n’étaient
pas toujours accompagnées d’un taureau de belle taille : heureusement que
j’ai un bourdon ! Un peu plus loin je découvre la collégiale de Ziorta, un
ensemble religieux unique dans tout le Pays Basque Espagnol et formé de
différents bâtiments : l’église du 15e siècle, le cloître et
les maisons de l’Abbé et des moines. Le monastère est resté fidèle à sa
vocation hospitalière et continue d’y héberger les pèlerins qui le souhaitent.
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la collégiale de Ziorta |
Le chemin traverse ensuite les villages de Munitibar puis Marmiz avant
d’atteindre Gernica.
J’y parviens en milieu d’après-midi, ce
qui me laisse suffisamment de temps pour visiter cette ville devenue tristement
célèbre un certain 26 avril 1937, jour
où Hitler a fait bombarder et détruire la cité afin de soutenir le général
Franco, faisant plus de 1.000 morts parmi la population civile. Cette cible n’a
pas été choisie au hasard : la ville était connue pour son chêne sacré au
pied duquel se réunissaient depuis le Moyen Âge les représentants du peuple
basque. Tous les deux ans, du règne d'Isabelle de Castille à 1876, les
représentants de la couronne espagnole avaient coutume de renouveler à cet
endroit leur serment de respecter les libertés basques. Le président de la
Deuxième République avait respecté cette tradition séculaire en prêtant serment
devant le chêne, le 7 octobre 1936, demandant au gouvernement en place de garantir
la très large autonomie accordée au Pays Basque. Ce fait n’était certainement
pas passé inaperçu et avait sans doute nourri le ressentiment des franquistes à
l'égard de la ville. Aujourd’hui la ville a été entièrement reconstruite et a
su garder un certain nombre de symboles
pour témoigner de la tragédie de 1937 : le musée de la paix, la
Casa de juntas, siège des Assemblées Générales de
Biscaye et à proximité, le célèbre chêne de Gernica ; au
centre-ville, peinte sur un mur, une
reproduction géante du tableau de
Picasso.
Le Maître avait réalisé ce chef-d’œuvre
à la demande des Républicains pour le pavillon espagnol de l’Exposition Universelle
de 1937. Il y avait traduit, avec le génie qui est le sien, toute l’horreur de
la guerre et son mépris pour la violence franquiste et fasciste.
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Reconnaissance à Simon Bolibar |
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Gernika |
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Le chêne de Gernika |
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