Dimanche 6 septembre :
Zarautz - Itziar 22 Km
Départ vers 8 heures ; le soleil ne
m’a pas attendu pour se lever : il est déjà très haut dans le ciel lorsque
je quitte le gîte. La nuit a été très reposante, 12 heures de sommeil plus une
heure étendu sur la plage. Sur les premières étapes, il faut s’habituer au
changement de rythme ; le corps a
tendance à accumuler plus de fatigue qu’il n’en évacue. Mais là, pour le coup,
je pense avoir remis le compteur à zéro !
Traversant la ville, j’en profite pour prendre un « desayuno » (petit-déjeuner) dans
une « panaderia »
(boulangerie), puis poursuis ma marche vers Gétaria, une autre station balnéaire
située à quelques kilomètres. Sur la totalité du parcours, un couloir a été
aménagé en bordure de la route nationale
pour permettre aux pèlerins de marcher en toute sécurité. Le paysage est
tout simplement fabuleux, somptueux, époustouflant de beauté comme ce sera le
cas dans beaucoup d’autres étapes : la mer, le soleil et la montagne. What else to say !
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Gétaria |
Je rencontre deux dames et comme de coutume nous faisons un brin de
causette : l’une, Laurence, vient de Saint Emilion, l’autre, Jeanne, est
partie de Marmande. Nous parlons de nos expériences du chemin, elles me disent
faire le Norte pour ne jamais avoir à
regretter de ne pas l’avoir fait. Une formulation élégante que je partage
complètement. Elles me décrivent le Chemin de Stevenson qu’elles ont parcouru
ensemble au mois de mai. Je les écoute avec d’autant plus d’intérêt que je
mûris moi-même ce projet depuis quelques années. Tout en discutant nous
rejoignons Gétaria : une ville pleine de charme que je connaissais déjà
pour y être venu en voiture avec mon épouse il y a quelques années. C’est ici
qu’est né le célèbre couturier Balenciaga ; un musée lui est dédié où
sont exposées un certain nombre de ses plus
belles créations. Après la visite de l’Église de San Salvador, je quitte les
pèlerines, car Laurence souffre d’ampoules et veut prendre le temps de les
soigner. Je pars donc seul en direction de Zumaia. Le paysage est celui du Pays
basque, constitué de vallons et de collines recouverts de prés et de vignes.
Ici, elles sont différentes de celles rencontrées en amont de Zarautz, avec des
ceps beaucoup plus hauts, reliés dans leur partie supérieure pour former une
immense tonnelle. Le raisin blanc a
disparu pour laisser la place au raisin rouge. À gouter quelques grains, je
trouve une étrange ressemblance avec un cépage que l’on cultivait autrefois
dans ma région et que l’on nommait « Triomphe d’Alsace ».
Je traverse le petit village d’Askizu avant d’atteindre Zumaia, une
autre cité balnéaire qui s’est développée dans l’estuaire du rio Urola. Une
longue descente conduit au niveau du rio. Pas besoin de barque pour traverser
car ici il y a un pont pour relier les deux rives. Après la visite de l’église
San Pedro, c’est l’heure du casse-croûte : sandwich jambon et bière. Je
prends le temps de visiter la ville et son vieux quartier et de découvrir le
joli petit port de plaisance. Sur les journées
précédentes j’avais fait le constat que je terminais toujours l’étape en
début d’après-midi, alors je me suis dit que c’était inutile d’avoir une longue
soirée et qu’il était préférable de faire davantage de haltes et de consacrer
plus de temps aux visites. Je quitte la ville un peu à regret, car j’aurais aimé
y faire étape une nuit pour la découvrir un peu plus profondément et pas
seulement la traverser comme je le fais aujourd’hui. En préparant mon parcours,
j’avais lu quelques récits de pèlerins et je me souviens que l’un d’entre eux
faisait le même constat, à savoir que Zumaia méritait bien que l’on y passe une
nuit. Malheureusement, lorsque j’ai dû concilier l’ensemble des contraintes et
notamment les distances et la disponibilité d’hébergement, ce n’était pas
possible.
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Zumaia |
À la sortie de la ville, comme
chaque fois dans ces configurations de site, c’est par un goulet très pentu que
je regagne le plateau. Grimper ne me gêne pas, par contre j’ai horreur de descendre : d’abord parce que
physiquement c’est aussi difficile que de monter, mais également parce que j’ai
toujours l’impression que l’on est en train de perdre quelque chose que l’on a
acquis au prix de rudes efforts. Jusqu’ici
le sentier n’était jamais très éloigné de l’océan mais maintenant il s’en
écarte un peu pour pénétrer à l’intérieur des terres et rejoindre Itziar, une bourgade
située à quelques kilomètres de la côte. Je
retrouverai le bleu de la mer demain
à mesure que je me rapprocherai de Deba. Peu avant le terme de l’étape, je passe
devant une cidreria. Elles sont nombreuses dans la région. Celle-ci est
installée en pleine nature, au beau milieu des champs cultivés et des
vignes ; le parking, pourtant très vaste, est archi plein ce qui laisse supposer
qu’à l’intérieur ça doit se bousculer. Par curiosité je me risque sur le pas de
la porte pour découvrir l’ambiance qui règne dans la salle. Il y a effectivement
beaucoup de monde, certainement tout près de 200 personnes ; le fait que
nous soyons un dimanche doit expliquer cela. Les menus sont variés, il y en a
pour tous les goûts, de la viande grillée, du poisson, mais la boisson est
unique : c’est cidre ou cidre. Dans
un cérémonial particulier à ce genre d’établissement, chacun va se servir à
l’un de ces immenses tonneaux installés à l’entrée. J’aimerais partager plus
longtemps cette ambiance de fête, mais je n’y aurais pas ma place, ce n’est pas
un lieu pour les pèlerins. Je poursuis
donc, satisfait néanmoins d’avoir pendant quelques instants, découvert un lieu de
convivialité ou chacun profite pleinement de ces moments d’échange et de
bonheur.
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La Cidreria |
Je parviens enfin au gîte ; c’est une
de ces grandes maisons à colombages que l’on trouve au Pays Basque. Après
l’installation et la douche je pars à la découverte du village. Le Sanctuaire
Santa Maria en constitue le seul point
d’intérêt. Il s’agit d’un temple très ancien (13e siècle) à l’allure
plutôt austère et ne comportant qu’une seule nef. Au-dessus du maître-autel, dans un magnifique
retable de bois apparait une image de la vierge d’Itziar adoptée comme sainte patronne
des pécheurs et des navigateurs.
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A Gétaria on n'oublie pas l'enfant du pays : Balenciaga |
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Eglise de Gétaria |
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Vignes en tonnelle |
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