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vendredi 18 mars 2016

Zarautz - Itziar



              Dimanche 6 septembre : Zarautz  -  Itziar   22 Km

    Départ vers 8 heures ; le soleil ne m’a pas attendu pour se lever : il est déjà très haut dans le ciel lorsque je quitte le gîte. La nuit a été très reposante, 12 heures de sommeil plus une heure étendu sur la plage. Sur les premières étapes, il faut s’habituer au changement de rythme ; le corps  a tendance à accumuler plus de fatigue qu’il n’en évacue. Mais là, pour le coup, je pense avoir remis le compteur à zéro !
   Traversant la ville, j’en profite pour prendre un « desayuno » (petit-déjeuner) dans une « panaderia » (boulangerie), puis poursuis ma marche vers Gétaria, une autre station balnéaire située à quelques kilomètres. Sur la totalité du parcours, un couloir a été aménagé en bordure de la route nationale  pour permettre aux pèlerins de marcher en toute sécurité. Le paysage est tout simplement fabuleux, somptueux, époustouflant de beauté comme ce sera le cas dans beaucoup d’autres étapes : la mer, le soleil et la montagne. What else to say !
Gétaria
   Je rencontre deux dames et comme de coutume nous faisons un brin de causette : l’une, Laurence, vient de Saint Emilion, l’autre, Jeanne, est partie de Marmande. Nous parlons de nos expériences du chemin, elles me disent faire  le Norte pour ne jamais avoir à regretter de ne pas l’avoir fait. Une formulation élégante que je partage complètement. Elles me décrivent le Chemin de Stevenson qu’elles ont parcouru ensemble au mois de mai. Je les écoute avec d’autant plus d’intérêt que je mûris moi-même ce projet depuis quelques années. Tout en discutant nous rejoignons Gétaria : une ville pleine de charme que je connaissais déjà pour y être venu en voiture avec mon épouse il y a quelques années. C’est ici qu’est né le célèbre couturier Balenciaga ; un musée lui est dédié où sont  exposées un certain nombre de ses plus belles créations. Après la visite de l’Église de San Salvador, je quitte les pèlerines, car Laurence souffre d’ampoules et veut prendre le temps de les soigner. Je pars donc seul en direction de Zumaia. Le paysage est celui du Pays basque, constitué de vallons et de collines recouverts de prés et de vignes. Ici, elles sont différentes de celles rencontrées en amont de Zarautz, avec des ceps beaucoup plus hauts, reliés dans leur partie supérieure pour former une immense  tonnelle. Le raisin blanc a disparu pour laisser la place au raisin rouge. À gouter quelques grains, je trouve une étrange ressemblance avec un cépage que l’on cultivait autrefois dans ma région et que l’on nommait « Triomphe d’Alsace ».
   Je traverse le petit village d’Askizu avant d’atteindre Zumaia, une autre cité balnéaire qui s’est développée dans l’estuaire du rio Urola. Une longue descente conduit au niveau du rio. Pas besoin de barque pour traverser car ici il y a un pont pour relier les deux rives. Après la visite de l’église San Pedro, c’est l’heure du casse-croûte : sandwich jambon et bière. Je prends le temps de visiter la ville et son vieux quartier et de découvrir le joli petit port de plaisance. Sur les journées  précédentes j’avais fait le constat que je terminais toujours l’étape en début d’après-midi, alors je me suis dit que c’était inutile d’avoir une longue soirée et qu’il était préférable de faire davantage de haltes et de consacrer plus de temps aux visites. Je quitte la ville un peu à regret, car j’aurais aimé y faire étape une nuit pour la découvrir un peu plus profondément et pas seulement la traverser comme je le fais aujourd’hui. En préparant mon parcours, j’avais lu quelques récits de pèlerins et je me souviens que l’un d’entre eux faisait le même constat, à savoir que Zumaia méritait bien que l’on y passe une nuit. Malheureusement, lorsque j’ai dû  concilier l’ensemble des contraintes et notamment les distances et la disponibilité d’hébergement, ce n’était pas possible.  
Zumaia
   À  la sortie de la ville, comme chaque fois dans ces configurations de site, c’est par un goulet très pentu que je regagne le plateau. Grimper ne me gêne pas, par contre j’ai horreur de  descendre : d’abord parce que physiquement c’est aussi difficile que de monter, mais également parce que j’ai toujours l’impression que l’on est en train de perdre quelque chose que l’on a acquis au prix de rudes efforts.  Jusqu’ici le sentier n’était jamais très éloigné de l’océan mais maintenant il s’en écarte un peu pour pénétrer à l’intérieur des terres et rejoindre Itziar, une bourgade située à quelques kilomètres de la côte. Je  retrouverai  le bleu de la mer demain à mesure que je me rapprocherai de Deba. Peu avant le terme de l’étape, je passe devant une cidreria. Elles sont nombreuses dans la région. Celle-ci est installée en pleine nature, au beau milieu des champs cultivés et des vignes ; le parking, pourtant très vaste, est archi plein ce qui laisse supposer qu’à l’intérieur ça doit se bousculer. Par curiosité je me risque sur le pas de la porte pour découvrir l’ambiance qui règne dans la salle. Il y a effectivement beaucoup de monde, certainement tout près de 200 personnes ; le fait que nous soyons un dimanche doit expliquer cela. Les menus sont variés, il y en a pour tous les goûts, de la viande grillée, du poisson, mais la boisson est unique : c’est cidre ou cidre.  Dans un cérémonial particulier à ce genre d’établissement, chacun va se servir à l’un de ces immenses tonneaux installés à l’entrée. J’aimerais partager plus longtemps cette ambiance de fête, mais je n’y aurais pas ma place, ce n’est pas un lieu pour les pèlerins.  Je poursuis donc, satisfait néanmoins d’avoir pendant quelques instants, découvert un lieu de convivialité ou chacun profite pleinement de ces moments d’échange et de bonheur.
La Cidreria
   Je parviens enfin au gîte ; c’est une de ces grandes maisons à colombages que l’on trouve au Pays Basque. Après l’installation et la douche je pars à la découverte du village. Le Sanctuaire Santa Maria en constitue  le seul point d’intérêt. Il s’agit d’un temple très ancien (13e siècle) à l’allure plutôt austère et ne comportant qu’une seule nef.  Au-dessus du maître-autel, dans un magnifique retable de bois apparait une image de la vierge d’Itziar adoptée comme sainte patronne des pécheurs et des navigateurs. 

                                              
A Gétaria on n'oublie pas l'enfant du pays : Balenciaga

Eglise de Gétaria

Vignes en tonnelle




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