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mardi 21 juin 2016

Abadin - Vilalba

   

Vendredi 3 juin : Abadin – Vilalba : 21 km

   Depuis mon arrivée hier à Abadin, pas l’ombre d’un seul pèlerin ; je pense que tous ceux qui ont fait étape hier dans la région ont préféré le gîte de Gontan situé 2 kilomètres en amont. Ce matin, je pars donc avec un peu d’avance sur eux. Bien que marchant d’un bon pas, je suis dépassé par l’un d’eux qui semble avoir un meilleur braquet que moi : c’est Juan, le gars de Barcelone. Nous faisons un bout de chemin ensemble puis je le laisse partir, car Vilalba est encore loin et je ne tiens pas à griller toutes mes cartouches maintenant : buen camino Juan.
Cigogne et cigogneau
   Sur un haut pylône, une cigogne tourne dans son nid, un cigogneau à ses pieds ; les pèlerins la photographient, mais elle ne semble pas pour autant effarouchée.
  Je parviens à Vilalba en début d’après-midi ; c’est un joli petit bourg. J’y ai réservé une chambre à l’hôtel Venezuela, en plein centre-ville ; en face, un hôtel Parador occupe un donjon, dernier élément subsistant d’un ancien château féodal du 11ᵉ siècle. Mais ce soir, je ne joue pas dans cette catégorie-là : il y a deux étoiles de moins sur la porte de ma pension et puis pénétrer dans ce palace avec mes godillots serait peut-être mal vu de la réceptionniste d’autant qu’aujourd’hui, si le temps a été une fois de plus exceptionnel, les sentiers en sous-bois étaient encore très humides.
     Après une rapide visite de la ville qui m’a fait découvrir l’église Santa Maria, le quartier historique et enfin la place de la Constitution, je prends le temps de déguster une bière à une terrasse de la place Suso Gallego. L’endroit est agréable, un érable, probablement centenaire, met toutes les tables à l’abri du soleil. Arrive un pèlerin qui en termine avec l’étape du jour ; au bonjour qu’il me lance je comprends qu’il est francophone et je l’invite à ma table pour prendre une cerveza avec moi. Il s’appelle Lucas, est parti de Paris il y a deux mois et n’a pas d’idée précise de ce qu’il va faire après Santiago, peut-être poursuivre vers l’Andalousie, Séville, en fait continuer un peu à l’aventure sans objectif tant de calendrier que de budget ; entre parenthèse, un mode de fonctionnement qui est aux antipodes du mien, moi qui ai réservé tous mes hébergements, mes vols… Mais ce qu’il me raconte ensuite est encore plus étonnant. Poursuivant la conversation il m’explique qu’il est au chômage, mais n’a jamais demandé l’allocation à laquelle il peut prétendre, qu’il est parti avec 200 euros en poche, qui lui en reste 140 aujourd’hui, que pour vivre avec un si petit budget il dort sous sa tente et se nourrit de végétaux cueillis sur les bas-côtés, de  fruits s’il en trouve, mais également de certaines plantes particulières qu’il avait appris à connaître dans des livres spécialisés ; il semble avoir un faible pour les jeunes pousses d’orties.  Quelquefois, lorsqu’il ose, il pousse la porte d’une boulangerie pour demander du pain de la veille, celui que le boulanger a déjà mis en sac pour donner à l’éleveur de porcs du village : bon appétit pérégrino !







Eglise Santa Maria






Eglise Santa Maria

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