Jeudi 2 juin 2016
Lourenza – Abadin : 25 km
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Le marché de Mondonedo |
Je retrouve les amis au petit déjeuner, puis chacun se quitte pour faire l’étape à son rythme : Cyrille et Maria ont prévu de s’arrêter à Mondonedo, un bourg situé à une dizaine de kilomètres. J’y parviens vers 11 h et aujourd’hui c’est jour de marché, alors j’en profite pour faire le plein de victuailles pour le déjeuner : charcuterie, pain et quelques fruits. Avant de poursuivre, je prends le temps de boire un café à la terrasse d’un bar. Il y règne
l’animation d’un jour de marché ; les pèlerins autrichiens sont installés
à une table avec deux jeunes Allemandes, le prêtre de la paroisse discute avec
des fidèles à une autre table ; prêtant l’oreille je comprends qu’il leur
avoue être en retard ce matin pour
ouvrir la porte de la cathédrale. Effectivement lorsque j’avais voulu y pénétrer
j’avais trouvé porte close.
Dès qu’il se lève, je lui emboite le pas pour ne
pas rater la visite avant de reprendre le chemin. Depuis que j’arpente le Camino Norte, je suis
étonné par la rareté des lieux religieux ouverts au public Hormis les
cathédrales dans les villes importantes, les églises de village affichent trop
souvent « cerado », une situation qui me parait un peu paradoxale
pour un chemin de pèlerinage et en tout état de cause à l’opposé de ce que j’ai
connu sur le Camino Frances. Visiter une église, une chapelle, découvrir un
retable ou les statues des Saints accrochées aux piliers, assister le soir à
une célébration, concourent à entretenir la foi, à développer une certaine
ferveur, à apporter une dimension religieuse à notre démarche. Ici, sur ce
chemin, la beauté des paysages aidant, j’ai plus facile à me sentir dans l’habit
du touriste que dans celui du jacquet.
Si l’espace d’un instant j’ai pu oublier mon
statut de pèlerin, une pancarte à l’entrée d’un bois est là pour me le rappeler :
il est écrit en grands caractères rouges, peut être à l’attention des chasseurs : « Précaution !! Paso de peregrinos »
(attention passage de pèlerins), ce qui inévitablement me fait penser à nos
panneaux en bord de route qui nous mettent en garde vis-à-vis d’une possible traversée
de gibier. Pour que le message soit compréhensible dans toutes les langues, l’auteur
aurait dû y ajouter l’esquisse classique du pèlerin avec bourdon et calebasse.
Plus
loin je rattrape un couple d’Italiens de Turin ; pour parler d’autres
choses que du temps ou de la beauté des paysages, j’évoque la Juve, cette
grande équipe de foot de leur ville. Sans
saisir tout de leur réponse, je comprends que j’ai fait mouche, je suis en face
d’aficionados inconditionnels de la Juventus. C’est fou comme certains sujets
peuvent relier les hommes ! J’avais eu la même réaction de Juan, ce
pèlerin de Barcelone rencontré à Navia, lorsque j’avais évoqué le Barça.
Ce
matin le soleil a tardé à se montrer, mais vers midi, c’est fait, le brouillard
s’est levé dégageant enfin le paysage. Dans quelques jours je retrouverai la plaine
que je conserverai jusqu’à Santiago, mais
pour l’instant j’achève la traversée des
monts d’Asturies, des collines peu élevées, couvertes de bois et de
pâturages. Parfois le chemin passe devant ces fermes d’une autre époque :
le tas de fumier trône devant la porte de l’écurie, les poules y grattent pour
trouver de quoi manger et un gros chien garde l’entrée. Pas de matériel
sophistiqué ni d’immenses étables, ici il semble que le temps s’est arrêté, que
l’on vive encore avec pour toute richesse, 2 vaches, quelques volailles et un
potager.
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Passage sous un horreo |
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