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mardi 21 juin 2016

Lourenza - Abadin

  

        



         Jeudi 2 juin 2016 Lourenza – Abadin : 25 km  

Le marché de Mondonedo
     Je retrouve les amis au petit déjeuner, puis chacun se quitte pour faire l’étape à son rythme : Cyrille et Maria ont prévu de s’arrêter à Mondonedo, un bourg situé à une dizaine de kilomètres. J’y parviens vers 11 h et aujourd’hui c’est jour de marché, alors j’en profite pour faire le plein de victuailles pour le déjeuner : charcuterie, pain et quelques fruits. Avant de poursuivre, je prends le temps de boire  un café à la terrasse d’un bar. Il y règne l’animation d’un jour de marché ; les pèlerins autrichiens sont installés à une table avec deux jeunes Allemandes, le prêtre de la paroisse discute avec des fidèles à une autre table ; prêtant l’oreille je comprends qu’il leur avoue être en retard ce matin  pour ouvrir la porte de la cathédrale. Effectivement lorsque j’avais voulu y pénétrer j’avais trouvé porte close.  Dès qu’il se lève, je lui emboite le pas pour ne pas rater la visite avant de reprendre le chemin.  Depuis que j’arpente le Camino Norte, je suis étonné par la rareté des lieux religieux ouverts au public Hormis les cathédrales dans les villes importantes, les églises de village affichent trop souvent « cerado », une situation qui me parait un peu paradoxale pour un chemin de pèlerinage et en tout état de cause à l’opposé de ce que j’ai connu sur le Camino Frances. Visiter une église, une chapelle, découvrir un retable ou les statues des Saints accrochées aux piliers, assister le soir à une célébration, concourent à entretenir la foi, à développer une certaine ferveur, à apporter une dimension religieuse à notre démarche. Ici, sur ce chemin, la beauté des paysages aidant, j’ai plus facile à me sentir dans l’habit du touriste que dans celui du jacquet. 
   Si l’espace d’un instant j’ai pu oublier mon statut de pèlerin, une pancarte à l’entrée d’un bois est là pour me le rappeler : il est écrit en grands caractères rouges, peut être à l’attention des chasseurs : « Précaution !! Paso de peregrinos » (attention passage de pèlerins), ce qui inévitablement me fait penser à nos panneaux en bord de route qui nous mettent en garde vis-à-vis d’une possible traversée de gibier. Pour que le message soit compréhensible dans toutes les langues, l’auteur aurait dû y ajouter l’esquisse classique du pèlerin avec bourdon et calebasse.
   Plus loin je rattrape un couple d’Italiens de Turin ; pour parler d’autres choses que du temps ou de la beauté des paysages, j’évoque la Juve, cette grande équipe de foot de leur ville.    Sans saisir tout de leur réponse, je comprends que j’ai fait mouche, je suis en face d’aficionados inconditionnels de la Juventus. C’est fou comme certains sujets peuvent relier les hommes ! J’avais eu la même réaction de Juan, ce pèlerin de Barcelone rencontré à Navia, lorsque j’avais évoqué le Barça.
      Ce matin le soleil a tardé à se montrer, mais vers midi, c’est fait, le brouillard s’est levé dégageant enfin le paysage. Dans quelques jours je retrouverai la plaine que je conserverai jusqu’à Santiago, mais pour l’instant j’achève la traversée des  monts d’Asturies, des collines peu élevées, couvertes de bois et de pâturages. Parfois le chemin passe devant ces fermes d’une autre époque : le tas de fumier trône devant la porte de l’écurie, les poules y grattent pour trouver de quoi manger et un gros chien garde l’entrée. Pas de matériel sophistiqué ni d’immenses étables, ici il semble que le temps s’est arrêté, que l’on vive encore avec pour toute richesse, 2 vaches, quelques volailles et un potager.
   

Passage sous un horreo







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